MIHAI DINU
Abstract: A partir d’une analogie suggérée par la parenté étymologique entre les mots culte et culture, l’auteur présume l’existence, dans les profondeurs des chef-d’oeuvres lyriques, d’un noyaux «numineux» provenant d’une zone située en dehors du contrôle rationnel du poète et qu’il désigne par le mot grec arre-ton («ineffable»). A l’instar du «numineux» défini par le théologien allemand Rudolf Otto, la nature de l’arre-ton n’est pas subjective, puisqu’elle dépasse la volonté créatrice du poète et nous apparaît en tant qu’une transcendance mystérieuse du langage lui°même (Heidegger: «die Stimme stimt»). L’existence de ce hard core difficilement pénétrable des chef°d’oeuvres, qui les distingue des productions lyriques communes, explique leur potentiel interprétatif pratiquement sans limite. Ce n’est pas, comme on l’affirme souvent, l’ambiguité du message artistique due à la polysémie de l’expression littéraire qui rend raison de cette offre exégétique exceptionnelle car la conviction du lecteur qu’un chef°d’oeuvre révèle une vérité profonde ne peut pas provenir d’un simple équivoque sémantique. L’auteur de l’article interroge le statut du symbole en tant que révélateur possible de l’arre-ton et exprime des doutes concernant la capacité de la métaphore de frayer une voie efficace vers ce coeur secret du message poétique.
Keywords: poetic language, symbol, presence, arre-ton, metaphor