MIHAELA IRIMIA
Abstract: La dispute Blumenberg°Löwith identifie dans la question de la sécularisation un constituant de cette rupture historique qu’est la modernité en offrant, ce faisant, une évaluation du phénomène de la modernité en termes d’(il)légitimité. L’étudiant de Heidegger, Lövith, postule que le progrès, composante fondamentale du Weltanschauung moderne n’est que la version sécularisée de l’eschatologie chrétienne (Weltgeschichte und Heilsgeschehen, 1953). Blumenberg le contredit : il dénie au progrès la possibilité d’être porteur d’un accomplissement futur, conformément à la tradition augustinienne. En échange, il décèle dans l’autoaffirmation de la raison l’attitude de l’homme moderne dont le statut légitime prend forme dans l’analyse augustinienne du moi/de l’âme sur laquelle sont édifiées avec succès les contributions cartésiennes°kantiennes°romantiques. Blumenberg soutient ainsi sa thèse de la “réoccupation” selon laquelle c’est sur le seuil entre le monde médiéval et le monde moderne que l’homme s’approprie la créativité infinie (Legitimität der Neuzeit, 1983). Avec, en toile de fond, ce que j’appelle collapsus du modèle isomorphique, je m’attarde sur quelques concepts blumenbergiens et löwithiens, tels : «le sens caché», le progrès scientifique guidé par «la méthode», «curiosité théorique», «propriété» et «technicalisme» et aussi, au premier chef, «la légitimité», «l’esprit moderne» et «la confiance occidentale dans le progrès». De ces concepts à ceux sur lesquels je bâtis ma propre théorie des équivalences se nouent dans un dialogue centré sur la légitimité de la modernité.
Keywords: modernity, Christian eschatology, secularization, the collapse of the isomorphic model, legacy, legitimacy, illegitimacy