JAN ALBER
Abstract: Je me suis attaché à démontrer que la plupart des films américains qui traitent de l’univers carcéral suivent le même modèle, à savoir ils dressent une barrière qualitative entre la souffrance du dernier arrivant condamné à tort et le reste des individus qui peuplent la prison. Plus exactement, les films sont l’histoire de la victimisation injuste d’un type innocent qui appartient à la classe moyenne des blancs hétérosexuels et à qui le spectateur devrait s’identifier. Récurrence remarquable, le héros°victime tombe sur un ramassis de vrais criminels méchants qui sont fréquemment des afro°américains et quelquefois homosexuels. Circonstance aggravante, le héros connaît d’habitude le processus symbolique de la «féminisation» (les gardiens violents et sadiques, les viols «homosexuels» et le temps passé «au trou» jouent un rôle important). Le film s’achève d’habitude sur l’évasion de cette figure d’identification et le traitement perfide prend fin. Mon but était d’argumenter que ce scénario récurrent ressort clairement à des démarcations culturelles plus larges. En d’autres mots, dans la majeure partie des films américains du genre, la prison est conçue comme un espace où se reproduit l’homophobie de la société et l’hégémonie culturelle de la classe moyenne: à l’issue de ces narrations, la masculinité du héros et, par voie de conséquence, le pouvoir phallique de la classe moyenne blanche sont restaurés. Qui plus est, vu que d’habitude la figure d’identification finit par s’évader, le problème qu’on est en droit de se poser c’est de savoir quels sont «les clients de droit» des prisons: l’argument subliminal des films en question c’est que les membres de la classe moyenne blanche et hétérosexuelle ne devraient pas se retrouver en prison alors que les «déviants» (les afro°américains et les homosexuels) sont bons pour.
Keywords: prison, film, ideology, United States of America, minorities.